Cela faisait presque un mois. Un mois à avoir pris ses marques dans cette ville sans histoire. Peu de gens savaient qu’elle était là. Peu de gens savait ce qu’elle était et pour cause, elle savait étonnement bien dissimuler les traits de caractère de sa race. Elle pouvait se balader au soleil, grand chapeau et lunettes de soleil sans broncher. En temps normal, la plupart des vampires évitaient de sortir le jour, non pas qu’ils allaient partir en fumée, mais la sensation qu’à un vampire en se promenant la journée était celui qu’on peut avoir quand on frôle une ortie. Un sentiment dérangeant et démangeant. Comme s’il y avait mille fines aiguilles s’abattant par vague sur une brûlure. Mais avec son âge et son entrainement dans le désert du Sahara, Serafina avait appris à gérer ce mal -être. Oh bien sûr, cela ne l’empêchait pas de préférer la nuit. Elle se déplaçait le jour que pour certaines choses, comme faire des commissions pour des futures victimes qui ces derniers temps étaient souvent des jeunes sans abris auxquels elle proposait un gite et un couvert, le temps que leur sang se remplisse de toutes ces bonnes choses qu’ils ingéraient. C’était cruel, mais au moins ils mourraient le ventre plein, c’était déjà cela non ? Malheureusement pour elle, la plupart de ses recherches sur l’esprit humain se faisaient de jour, parce que les humains, du moins une grande majorité d’entre eux, vivaient le jour et non la nuit. Ses recherches consistaient à les observer. Peu importe la région du monde où elle avait été, elle s’était toujours arrêtée pour observer ces insectes à l’œuvre. S’étonnant de leur génie, de leur capacité à s’adapter alors que leur vie était si courte. Ces esprits inventifs qui avaient révolutionnés la vie actuelle. Elle ne se considérait plus humaine depuis bien longtemps. Elle ne pensait ni n’agissait comme eux, et même si elle s’en nourrissait, s’en servait comme cobaye, elle éprouvait une immense fascination pour cette race qui à la différence des loups-garous, pouvaient se montrer d’une compassion et compréhension incroyable. O elle n’était pas contre les loups-garous. Elle ne comprenait pas la guerre entre sa race et la leur, mais elle comprenait que ce n’avait pas été les loups qui résidaient ici qui avaient tués ses compagnons. Ils n’avaient suivis que leur instinct. Cependant, elle passerait son chemin en encroisant un. Il y avait plus inquiétant que les loups garous d’ailleurs…ces humains dotés…elle n’en avait jamais rencontré et sans doute était-ce mieux ainsi.

Cela faisait aussi un mois que chaque nuit, Serafina arpentait les couloirs quasi vide du service psychiatrique. La lumière au néon donnait à ce long couloir une couleur verte, froide, l’endroit stérile ne prêtait pas vraiment à l’épanouissement de l’esprit. D’ailleurs, cela ressemblait à une prison de l’âme. Très controversée chez les vampires, elle n’en restait pas moins présente chez l’homme. Elle l’animait, et selon les vieilles croyances que suivaient Serafina, l’âme déphasé causait du tord. La « jeune » femme marchait d’un pas silencieux, presque comme si elle ne faisait qu’effleurer le lino. Une patiente avait un jour dit qu’elle planait. Ce n’était pas faux. Serafina avait cette marche légère, aguicheuse et envoutante qui ressemblait à une danse des âges perdues. Mais elle ne volait pas. Certains s’y essayaient, elle préférait garder les pieds sur Terre. C’était une nuit calme, sans grande crise à part un malade qui avait tenté de se suicider en utilisant les pailles de ses plateaux repas. Un nombre impressionnant de paille, Serafina devait se l’avouer, même fous, l’homme était passionnant. Après avoir fait le tour de son étage, elle s’assit à ce qui lui servait de bureau. En somme, elle n’avait pas besoin de travailler, après tout, elle avait bien assez d’argent sur un compte en banque suisse, mais cela permettait de ne pas éveiller les soupçons. S’intégrer à cette ville où elle avait décidé d’élire domicile pour les disons 30 prochaines années, cela dépendrait de si on remarquait qu’elle vieillissait ou si la loi changeait et que les vampires obtiennent un statut égal à celui de l’homme….enfin…cela n risquait pas d’arriver avant le millénaire suivant. Assise à attendre que le vigile ait dépassé la réserve de sang, car elle commençait à avoir un petit creux, elle se mit à faire une partie d’un nouveau jeu qu’elle avait téléchargé sur son I-phone. Cela l’amusait beaucoup de tuer les zombies …des minizombies. Elle avait assisté à l’évolution de la technologie, elle n’allait pas nier vouloir en profiter, surtout que pour une fois, cela changeait de lire. Elle pouvait lire n’importe quoi sur Internet. Outil qui lui avait permis d’apprendre 2 autres langues, ce qui montait à 8 son quota de langues parlés et écrit couramment. Elle n’avait toujours pas appris de suédois. Celle langue lui rappelait quelqu’un qu’elle n’appréciait pas beaucoup et qui pourtant avait un don pour la sortir de ses gants et sortir le meilleur d’elle-même dans un certain domaine. En évoquant cet individu, elle se demanda tout en finalement se bougeant vers la banque de sang de l’hôpital s’il le faisait exprès, ou s’il ne l’avait réellement pas détecté ni senti. Parce qu’elle l’avait senti dès son entrée dans cet établissement. Elle ne comptait pas faire le premier pas vers lui. Cela ne se faisait pas, c’était l’homme qui venait vers la femme. Ancienne coutume ancrée en elle sans doute….o et puis non, c’était bien pour l’embêter. Elle ralentit volontairement le pas, pour voir si elle n’appercevrait pas le célèbre Aubry, nom qui part ailleurs l’avait fortement fait rire, dans les parages. Chaque vampire change de nom ou prétend être un descendant, Serafina avait préféré changer de nom, c’était plus simple pour tout plein de raisons. Son trajet s’arrêta finalement une fois arrivé à destination. Elle entra et s’arrêta devant les poches exposées.

« Voyons voir….O positif….AB négatif…B postiif….aaaah magnifique mon préféré… »

Elle prit une poche de A positif. Ce n’était en soi pas son sang préféré. Il y avait des recettes très agréables que l’on pouvait faire avec du 0 ou du AB , mais elle était au régime et le A avait le moins de calories. S’inventer ce genre d’histoires faisait passer le temps. Surtout quand on sait que l’on restera éternellement fine et jeune. Elle s’assit tranquillement, sortit une paille qu’elle avait gardé de son patient, fit un petit trou avec sa canine et y introduisit la paille avant de siroter tout en ouvrant un magasine qu’elle avait caché. Il y avait un article intéressant sur des gens connus…rien de très intellectuel.

« Je suis en pause là, reviens quand les poules seront des vampires » lança-t-elle sans lever les yeux en sentant cette odeur familière.